Depuis l’adoption, en 2020, de la Loi sur la sécurité publique concernant les chiens agressifs, le nombre d’euthanasies inutiles a grimpé en flèche au Québec. La peur du « gros méchant loup » y est pour beaucoup.
La peur du « gros méchant loup » : une émotion qui tue
Le berger du voisin jappe quand quelqu’un arrive? On a soudain peur qu’il morde.
Le chien australien du quartier aboie et tire sur sa laisse? On le juge dangereux.
Cette peur est alimentée par nos émotions, nos expériences et… nos histoires d’enfance.
Le syndrome du Petit Chaperon Rouge
Le « syndrome du Petit Chaperon Rouge », c’est cette tendance à généraliser un incident isolé.
Un chien d’une certaine race mord une personne, et soudain tous les chiens de cette race deviennent des monstres au potentiel mordeur.
Pourtant, ce chien était un individu parmi des milliers. Mais la peur se propage vite, surtout à l’ère des réseaux sociaux.
Un incident devient viral, et la société tout entière se méfie d’une race entière.
Ce n’est jamais une question de race. C’est toujours une question d’individu.
Après plus de 35 ans d’expérience à éduquer et rééduquer des chiens de toutes races, je peux l’affirmer : le potentiel de morsure existe chez tous les chiens. Tous les chiens ont des instincts… peu importe la race
Les 4 instincts fondamentaux du chien
Chaque chien possède quatre instincts de base (ou patrons moteurs) :
- Le lien social (pack drive) : besoin de faire partie d’un groupe et de créer des liens avec humains et animaux auxquels il aura été socialisé.
- La défense du territoire (defense drive) : protection du foyer et réaction aux intrus (de là vient la fameuse protection des ressources).
- La prédation (prey drive) : recherche, poursuite, morsure, jeu.
- La reproduction (instinct parental).
L’expression de ces instincts dépend de plusieurs facteurs :
- la sélection génétique faite par l’éleveur;
- la socialisation précoce;
- l’éducation et l’environnement dans lequel le chien grandit.
Un déséquilibre ou une mauvaise gestion à l’une de ces étapes peut mener à des comportements réactifs, voire dangereux.
La réactivité : une peur avant tout
Un chien réactif n’est pas un chien méchant.
C’est souvent un chien mal préparé, qui réagit sous l’effet de la peur.
Un chiot bien socialisé et éduqué devient un chien adulte équilibré.
À l’inverse, un chiot mal préparé aura plus de chances de développer des comportements problématiques.
Le vrai problème : l’humain, pas la race
Bannir une race sous prétexte qu’elle serait trop agressive, c’est du racisme canin.
Et en 2025, ce genre de pensée devrait être chose du passé.
Ce qui influence vraiment le comportement d’un chien :
- La sélection génétique faite par l’éleveur (pas seulement la santé ou la conformation);
- La socialisation dès les premières semaines;
- L’éducation reçue et la relation avec l’humain.
Une mauvaise sélection peut amplifier certains instincts (comme la prédation) au détriment des autres, créant des chiens déséquilibrés.
Comment choisir un chiot équilibré
Voici quelques conseils essentiels pour éviter les mauvaises surprises :
- Trouve un éleveur consciencieux (évite Kijiji, les importations de chiens errants, les Doodle, les élevages de masse).
- Choisis ton chiot selon ta personnalité et ton mode de vie, avec l’aide d’un éleveur compétent.
- Socialise ton chiot dès le départ, avec des expériences variées et positives.
- Éduque-le avec le renforcement positif (et non la dominance).
- Consulte un professionnel reconnu au besoin (pas “ti-joe” sur Facebook 😉).
Statistiques sur les morsures : les faits, pas la peur
Selon l’Association québécoise pour la protection et l’observation de la faune (AQPOF) :
Monde
- Environ 50 000 attaques de chiens par an, causant 59 000 décès.
- Environ 27 attaques de loups par an, causant 2 décès.
Canada
- Environ 500 000 attaques de chiens par an, causant 1 à 2 décès.
- Environ 1 attaque de loup par an (1 seul décès en 20 ans).
Québec
- Environ 100 000 morsures de chiens par an.
- Aucun incident avec des loups.
Réfléchissons avant de condamner
Depuis 18 ans, les chiffres sont stables : environ 100 000 morsures de chiens par année.
Le problème, ce n’est pas la race, c’est l’éducation, la socialisation et les pratiques d’élevage.
On condamne des chiens à mort sans droit à la réhabilitation, alors même que la peine de mort est interdite pour les humains.
Notre société doit réfléchir à cette contradiction.
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